REVUE DE PRESSES

Le Soir

Un concert � remonter le temps
Bob Dylan � Forest :
comme une pierre qui roule
Il est finalement un des rares �
pouvoir se le permettre. N'en
faire qu'� sa t�te : pas de photo-
graphe � ses concerts, pas d'in-
terviews depuis vingt ans sinon
� ses potes de "Rolling Stones",
pas de rencontre avec les gens
de sa firme de disques, etc.
Avec son l�gendaire caract�re
d'ours mal l�ch�, il alterne con-
certs magiques et catastrophi-
ques comme � Torhout-Werch-
ter, en 1990, o� il avait sabord�
ses propres chansons, m�lant
texte de l'une avec musique de
l'autre, laissant ses musicos p�-
daler dans la choucroute. Et
malgr� tout, il parvient encore
aujourd'hui, � 53 ans, � r�unir
plus de cinq mille personnes
sans le soutien d'un nouvel al-
bum, sinon les �ternelles com-
pils, sans tubes depuis des lus-
tres. Ses deux derniers albums,
"Good As I Been To You" en
1992 et "World Gone Wrong"
en 1993, �taient faits exclusive-
ment de reprises d'airs tradition-
nels am�ricains en guise de re-
tour aux source. Comme si le
Zim pensait avoir tout dit, cot�
compositions propres, comme
si, plut�t que d'�crire n'importe
quoi, il pr�f�rait s'abstenir et se
ressourcer au patrimoine pour
ensuite envisager d'aller plus en
avant. Ce qui ne semble pas
encore le cas puisque son pro-
chain disque � para�tre en avril
est ce fameux "MTV Unplug-
ged" enregistr� fin de l'ann�e
derni�re. Un "live" et un "best
of" pour le m�me prix, et en
acoustique en plus. On s'en
pourl�che d�ja les babines.

En attendant, Dylan continue in-
lassablement de faire le tour
des sc�nes du monde entiers,
comme si les planches �taient
le dernier refuge qui lui permet-
te de vivre sa musique sans que
le mythe ne lui p�se trop. Eter-
nelle th�rapie donc qui confir-
mera son d�sir de retout vers le
pass� puisque tout ce qu'il a
chant�, jeudi soir � Forest-Natio-
nal, provenait de son r�pertoire
des ann�e 60 et 70.

Et, une fois n'est pas coutume,
Dylan a livr� un concert o� le
son �tait presque parfait. Ja-
mais, nous ne l'avons si bien
entendu articuler ses textes et
soigner son chant, quitte � pren-
dre le micro en main et � d�lais-
ser de temps en temps sa guita-
re. Fait exceptionnel qui le voit
presque bouger en chantant. On
croit r�ver. Le groupe r�duit �
deux guitares (John Jackson et
Bucky Baxter � la "steel"), une
basse et une batterie, est en
symbiose parfaite avec Zim.
Le son est costaud, l'angle pris
incisif. Les arrangements sont
fid�les � l'original m�me en plus
muscl�, avec une �nergie et un
punch bien dans l'air du temps
rock actuel. On l'a rajeuni notre
bon Robert. "Just Like A Wo-
man" d�boule assez rapide-
ment avant des titres comme
"Don't Think Twice, It's All
Right", "All Along The Watchto-
wer", "Tangled Up In Blue" ou
"Mr. Tambourine Man" (dans
une version d�cal�e fort origina-
le) avant de conclure par le tr�s
attendu "Like A Rolling Stone"
et "It ain't Me Babe" en acous-
tique...

Dylan s'adresse aux connais-
seurs qui forment le gros du
public et ne se g�nent pas pour
manifester leur joie. Ce qui ne
rend pas Bob plus bavard pour
autant. Il se fendra tout de m�-
me d'un "thank you" en fin de
course. Notre homme �tait visi-
blement de tr�s bonne humeur
et tr�s satisfait par sa presta-
tion. Voil� qui est plut�t de bon
augure pour l'avenir. Puissent la
plume et les studio lui faire des
yeux doux...

THIERRY COLJON



La derni�re heure

Chapeau, monsieur
Dylan, chapeau...

L'exactitude est la politesse des rois et Bob Dylan est, � coup s�r, un
monarque de la six cordes. Jeudi, dans Forest National copieusement
garni (de l'ex-grungie de 18 ans � l'ancien baba qui assume bien son
demi-si�cle), Robert Zimmerman a investi les planches � 20 h 30
pr�cises. Tans pis pour les retardataires. Tans pis aussi pour les absents,
car sa prestation fut en tous points remarquable. Comme nous nous
en �tions d�ja aper�u lundi soir � Utrecht, Dylan a jet� aux oubliettes
les vieux d�mons de l'approximation qui le tenaillaient jadis. Bien aid�
par un backing-band form� de v�ritables pros, il soigne ses composi-
tions, �quilibre son r�pertoire et se laisse emporter dans des solos
(harmonica sur Mr Tambourine Man, guitare sur All along the
watchtower
pour ne citer que deux exemples) qui font du bien l� ou �a
passe. Mieux encore, il adopte une attitude franchement moins
arrogante ("T'as vu, il a souri!") que dans le pass�. De l� � dire qu'il
s'amuse vraiment sur sc�ne, il y a un pas qu'on peut franchir
rapidement en se rem�morant l'interpr�tation qu'il a offerte de ses
hymnes. All along the watchtower, Just like a woman, Mr Tambourine
Man
(en version unplugged), Don't think twice, it's allright, le petit
nouveau Dignity, Maggie's farm ou encore Like a rolling stone
constituant autant de cadeaux servis sur mesure � ses fans. Encore une
chose... Contrairement � quelques stars vieillissantes qui ne savent plus
de quel artifice user pour s�duire la masse, Dylan lui seul peut se
permettre d'arriver sur la pointe des pieds, sans gros
light-show, ni m�me sans nouvel album, et de faire un carton. Chapeau
monsieur Dylan...

L.L


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